N’attendez plus pour être enfin vous-même
2023, donc. Ainsi en a voulu le calendrier décidé d’après la date de naissance (inexacte) d’un homme dont je regrette chaque jour l’influence mortifère qu’il a eue sur la vie de millions d’autres, et ce bien malgré lui.
Comme à chaque nouvelle année, il est de bon ton d’exprimer publiquement ses souhaits pour l’avenir de la planète. Tout du moins de se donner de l’espoir ou des perspectives. De ce point de vue-là, la chose que je souhaite le plus au monde, c’est bien évidemment le retour de la paix à l’Est de l’Europe. Et que partout cessent les guerres. Et les catastrophes. Tout en sachant bien qu’il va falloir endurer pendant encore un moment une litanie de nouvelles désespérantes.
L’année dernière à la même époque, j’expliquais ici même pourquoi je ne croyais pas dans les bonnes résolutions. Pour être honnête, je ne crois pas davantage dans ces célébrations purement calendaires qui ponctuent la vie en collectivité. Elles nous détournent de l’urgent impératif de vivre pleinement chaque seconde.
Pour autant, je ne manquerai pas aux règles élémentaires de la sociabilité en vous souhaitant, à vous qui me faites l’amitié de me lire, le meilleur pour l’année qui commence.
Mais que vous souhaiter au juste ? La même chose que chaque jour, peu importent les aléas du calendrier : n’ayez pas peur d’être vous-même. Envoyez balader, si vous le pouvez, tous les gens pénibles, toutes les obligations qui vous rendent maussade. Continuez à travailler si vous y trouvez une source de plaisir. Mettez en route ce projet que vous vous retenez d’entamer pour de mauvaises raisons. Ne faites rien si telle est votre envie. Changez tout si vous voulez, mais n’espérez pas changer l’humanité pour être en phase avec le monde. Ne cédez pas sur vos désirs, y compris si ce désir, c’est d’être davantage dans la maîtrise.
N’ayez plus peur d’assumer votre égoïsme
Cette attitude a un nom : l’égoïsme. Un concept mal aimé, mal compris, souvent vilipendé. J’ai publié récemment un texte consacré au sujet. Un court dialogue philosophique dans lequel je promeus les vertus d’une vie égoïste face à un aréopage représentatif de ce que j’appelle « le camp de l’altruisme obligatoire ». Dès que j’en ai parlé sur Facebook, ça n’a pas manqué : il s’est trouvé un certain nombre de commentateurs pour me traiter de monstre, de salaud, d’ennemi de l’humanité. La preuve qu’ils appartenaient au camp de l’altruisme. Ou alors qu’ils ne m’avaient pas lu !
Car ce que j’essaie de démontrer dans ce texte, c’est que l’égoïsme est une attitude naturelle, qui rend plus heureux celui qui s’y adonne et qui bénéficie à la société dans son ensemble. L’égoïste n’est pas un salaud, sauf pour ceux qui croient dans la morale religieuse, ou dans sa version contemporaine, ce catéchisme qui exige de nous qu’on sacrifie notre bonheur à l’amélioration hypothétique d’un non moins hypothétique « genre humain », là où il n’y a que des individus singuliers, qu’on choisit ou non d’apprécier, éventuellement de soutenir.
Peut-être le mot est-il définitivement plombé par la morale judéo-chrétienne ? Peut-être faudrait-il parler « d’amour de soi », comme le font les adeptes du développement personnel ? L’égoïsme, en tout cas, mérite mieux que les caricatures dont on l’accable. Lisez et décidez par vous-même : après tout, vous êtes libre !