L’islam devant la République
©Getty Images
74 % des Français musulmans de moins de 25 ans affirment mettre l'islam avant la République, alors qu'ils sont 25 % parmi les 35 ans et plus, selon un sondage Ifop cité par le Figaro.
La radicalisation, c’est maintenant. À la question sans appel : «Faites-vous passer vos convictions religieuses avant les valeurs de la République ?», 74% des Français musulmans de moins de 25 ans affirment mettre l'islam avant la République, alors qu'ils sont 25% pour les 35 ans et plus. Un chiffre très impressionnant sur le mouvement de grand ampleur qui emporte l’islamisme vers une radicalité de plus en plus assumée. Quelle peut être la place de la laïcité devant une telle lame de fond ? Concerne-t-elle encore des citoyens qui se réfèrent presque exclusivement aux valeurs de l’Islam ?
La radicalité au grand jour
Ainsi, les trois quarts des jeunes Français musulmans affichent des positions séparatistes qui défient ouvertement et directement la conception française de la laïcité… et les valeurs républicaines. Car la question posée est claire : elle ne s’intéresse pas à la sphère intime, elle ne mesure pas simplement l’intensité des convictions religieuses de ces jeunes musulmans mais désigne clairement un ordre de priorité et même de supériorité. Elle dit où va leur loyauté et leur coeur. Un tel sondage ne ménage aucune place pour la laïcité, il rentre en collision avec elle.
Bien sûr, d’aucuns jugeront la question biaisée. Les jeunes sont interrogés sur leur préférence, argueront-ils. Mais ils peuvent respecter les lois de la République, voire considérer leur respect comme indispensable.
Une incompatibilité des valeurs... qui explose à l’école
Malheureusement, la lecture de la suite du sondage permet de balayer ces réserves. Ainsi, 45% des Français musulmans de moins de 25 ans pensent que « l'islam est incompatible avec les valeurs de la société française », alors que 24 % des plus de 35 ans partagent cette opinion. Ces chiffres rappellent d’autres réalités. A l’école, la laïcité s’amenuise constamment devant les coups de butoir et les demandes exponentielles des islamistes. D’aucuns choisissent des enseignements séparés. D’autres, dans la foulée des Frères musulmans, choisissent “l’entrisme”, comme les trotskistes en leur temps, et visent à modifier de l’intérieur les réalités scolaires : infiltrations des associations de parents d’élèves, des mutuelles enseignantes, modifications des programmes, ajustements, contestations, autant de revendications insolubles qui poussent le corps enseignant à l’autocensure et à la prudence.
Une guerre d’usure qui alterne de plus en plus souvent avec des mobilisations frontales, sur le mode du boycott - d’une sortie scolaire, d’une visite culturelle, d’un cours, d’un manuel, d’une lecture - ou de l’altercation.
Cette préférence pour l’islam, affichée sans complexe, ne laisse place à aucun espace de cohabitation entre les valeurs de la République, d’une part, et les valeurs religieuses. Il n’y a pas plusieurs cercles d’appartenance distincts mais un seul ordre de priorité : l’islam.
Il n’y a jamais assez de place pour Dieu
Ce radicalisme ne me surprend pas. Dans La Marche à rebours, j’analyse la nature expansive des religions monothéistes, face à laquelle la “laïcité respectueuse” largement promue aujourd'hui paraît bien désarmée. Expansionniste, l’islam l’est particulièrement au sein de la jeunesse. La même semaine, un autre sondage Ifop pour Le Point montre que la fréquentation de la mosquée le vendredi pour les 18-24 ans a quasi doublé en dix ans : de 23% en 2011 à 40% en 2019.
Il est donc fort probable que cette radicalisation, ce communautarisme trouvent un soutien puissant dans les institutions religieuses de l’islam. Au sein de celles-ci, les mosquées classiques perdent la main sur les mouvements radicaux.
Au fond, un tel sondage met fin à des décennies d’espoirs irréalistes et permet de comprendre ce qu’est la foi. Pour le croyant, la religion n’est pas seulement la valeur suprême, mais le but même de l’existence. En aucun cas il ne serait prêt à mettre une valeur de la République, comme la liberté d’expression, au-dessus de son sentiment religieux. La liberté ne saurait le satisfaire ; ce qu’il demande, c’est la foi.
Ce sondage montre que cette préférence absolue est de plus en plus assumée, voire revendiquée. Charlie peut continuer son travail salutaire. Car les masques tombent.